Depuis deux ans, le Snes-fsu alerte sur le vaste projet académique de fusions d’établissements visant à transformer des lycées généraux et technologiques (LGT) et lycées professionnels (LP) en lycées polyvalents (LPO).
Nous avons obtenu, grâce notamment aux garanties demandées par les collègues dans les établissements, que le Recteur Beignier, instigateur de ce projet, revienne sur plusieurs des fusions envisagées, du moins temporairement, et qu’il réduise le périmètre de son « plan ».
Cela n’a pas empêché pendant les deux années précédentes, l’administration de tenter de bercer les personnels avec des discours rassurants expliquant que l’objectif était surtout de simplifier les choses, de rendre la gestion des établissements plus « conviviale » et plus « facile ».
Certaines organisations syndicales, promptes à prendre pour argent comptant les discours de la hiérarchie, ont relayé ces discours.
Mais l’administration ne peut pas toujours cacher ses intentions réelles. Ainsi, dans un rapport remis en octobre 2014, les inspections générales (pédagogique et de l’administration) ont explicité les objectifs réels de ces « LPO ».
Au-delà du laïus obligé sur la « mixité sociale », il s’agit clairement de « flexibiliser » et de mettre à mal les statuts des personnels.
L’idée première est celle d’une « dotation unique », fusionnant celles de l’enseignement général/technologique et celle de l’enseignement professionnel.
Ce n’est pas qu’une mesure « technique », puisque le but est le « décloisonnement de la répartition des services ». Histoire de dépasser le verbiage technocratique, le rapport met les points sur les « i » : « il convient de travailler à une diversification des lieux d’exercice des enseignants qui permettrait de dépasser la stricte correspondance, observée dans presque tous les cas, entre le corps d’appartenance et le lieu d’exercice : professeurs agrégés et certifiés dans les filières générales et technologiques ainsi que dans les BTS, PLP dans les filières professionnelles. » Mettant les deux éléments bout à bout, cela signifie qu’on donne pouvoir aux chefs d’établissement d’obliger des certifiés et agrégés à enseigner dans les classes professionnelles. Et comme la dotation est « globalisée », rien n’empêche de mélanger des élèves de voies différentes dans des « enseignements » censés être identiques : une belle piste d’économies pour les enseignements dits « généraux » pour lesquels on peut facilement remplir les classes.
Histoire d’enfoncer le clou, tout cela s’accompagnerait d’une « gestion flexible des emplois du temps » avec « exploitation optimisée des périodes de formation en milieu professionnel ». Avec le décodeur : plus d’emploi du temps annuel garantissant le respect des obligations réglementaires de service définies en heures de cours hebdomadaires, mais du tripatouillage permanent, jonglant avec les périodes de stage des élèves, pour faire en sorte d’utiliser « à plein » toutes les « ressources humaines » de l’établissement.
Bref, tout ce que le Snes-fsu dénonçait comme intentions réelles de l’administration dans ces fusions d’établissement est enfin formulé noir sur blanc.
Raison de plus pour désormais s’opposer à toute perspective de fusion nouvelle, et ce d’abord dans les établissements, dans le cadre de la consultation des CA.
p.s. : les citations sont tirées du rapport « Structuration des EPLE : lycées polyvalents, lycées des métiers » par Pascal Rage et Philippe Sultan, octobre 2014