Certains rêvent d’un paradis pour les médiocres. Dans ce monde-là, le chef d’établissement n’aurait plus rien à craindre de son C.a., puisqu’il déciderait tout seul de la répartition des moyens, des dédoublements, des options, des regroupements, des horaires. Plus besoin de convaincre, si le C.a. est contre, finalement, c’est le chef qui décide.
Dans ce monde-là, le chef d’établissement pourrait s’appuyer sur un « conseil pédagogique » aux ordres, qu’il désignerait lui-même, sans aucune contrainte, et qui servirait d’alibi pour l’essentiel des décisions dont le C.a. élu ne serait plus responsable, et qui déciderait aussi de la « notation et l’évaluation des activités scolaires ». Et si un membre de ce conseil n’est pas d’accord avec le chef, le chef pourrait le remplacer à sa guise.
Dans ce monde-là, un ministre pourrait décider tout seul, sans jamais négocier, des grilles horaires, des contenus d’enseignement, de la formation des enseignants, de leur carrière...
Il pourrait condamner d’un trait de plume les STI, réduire à néant le vivier de la série L, obliger les profs à évaluer l’histoire des arts ou à remplir les livrets de compétence.
Et dans ce monde-là, les enseignants se contenteraient d’une revalorisation limitée aux tout débuts de carrière, et réduite à quelques dizaines d’euros.
Dans ce monde-là, le monde rêvé par Luc Chatel et Nicolas Sarkozy, le SNES laisserait faire et ne mobiliserait pas.
Mais nous ne sommes pas au paradis des médiocres. Dès maintenant, et dans la suite de la grève du 24 novembre, le SNES appelle les collègues à amplifier la mobilisation :
dans tous les lycées, le SNES réunira les collègues pour débattre avec eux de la réforme imposée par le ministre ;
le 10 décembre, les collègues se mobiliseront dans les établissements pour adresser des motions et des communiqués, distribuer des tracts, écrire aux parents d’élèves, et exprimer leur refus de cette réforme et des pleins-pouvoirs donnés aux principaux et proviseurs ;
en janvier, la profession s’engagera dans une action nationale pour d’autres choix pour l’école.
Le paradis des médiocres, c’est l’enfer de l’école publique : ne laissons pas faire, mobilisons-nous !
Hervé LE FIBLEC
secrétaire académique