6 avril 2020

Actualités

DNB en contrôle continu ? Des clarifications sont nécessaires !

Le ministère a retenu l’option du « contrôle continu » pour l’obtention du DNB session 2020. Toutes les épreuves terminales sont annulées dont celle de l’oral. Dans les circonstances sanitaires exceptionnelles actuelles, la préoccupation du SNES-FSU est celle de la santé des personnels et des élèves.
Il faut toutefois clarifier les modalités de délivrance du DNB. La communication ministérielle se réfère aux notes des élèves dans les disciplines concernées par les épreuves terminales, mais les informations de la foire aux questions du site ministériel sont en contradiction et comportent de nombreuses ambiguïtés (notes, livret complet, bilan de fin de cycle…). Par ailleurs, ces mesures ne doivent pas donner lieu à de nouvelles injonctions des chefs d’établissement sur la période, ni à du travail supplémentaire pour les enseignants en ce qui concerne les évaluations des trimestres précédents.

De la conférence de presse du vendredi 3 avril 2020…
Le message du ministre en conférence de presse ce vendredi 3 avril est à peu près clair bien que techniquement incomplet : « ainsi le DNB sera obtenu à partir des notes que l’élève aura eues tout au long de l’année dans les disciplines concernées" (hors évaluation pendant le confinement). Il s’agit donc des moyennes de notes dans les disciplines correspondant aux épreuves terminales.
Quid du bilan de fin de cycle qui compte habituellement pour 50% du DNB, conservé sur 400 points ou non ? Première incertitude.
Le ministre n’aborde pas l’oral du DNB.

... à la foire aux questions ministérielles
En professionnel, on se dirige vers la foire aux questions du site ministériel en espérant des réponses plus précises… Et là, tout devient beaucoup plus complexe.

Les élèves « seront évalués sur la base du livret scolaire, qui représente d’ores et déjà 50% de la note finale du brevet, et qui permet de certifier la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. » Le rédacteur commence par confondre le bilan de fin de cycle 4 qui atteste de la maîtrise du socle avec le LSUN (livret scolaire unique) qui comprend aussi les bilans périodiques et des attestations.
Qui a raison ? Le ministre qui dit que ce sont les notes qui doivent être prises en compte ? Lesquelles ? Toutes ou bien celles des disciplines des épreuves terminales ? Ou bien n’est-ce finalement que le bilan de fin de cycle transversal ? Ou les deux ? En l’absence de texte réglementaire ou tout au moins d’une circulaire plus précise, on peut se demander qui a raison du ministre ou de sa FAQ.

Cherchons plus loin : « Le diplôme est délivré sur la base de niveau de maîtrise des compétences, eux-mêmes fondés sur l’appréciation du conseil de classe qui se prononce au 3e trimestre de l’année de 3e. Les notes obtenues en cours d’année fondent évidemment en grande partie son appréciation. Si la réouverture des établissements le permet, le conseil de classe tiendra compte du résultat des évaluations passées par les élèves postérieurement à la réouverture des établissements. » Voilà que l’hypothèse du « tout » bilan de fin de cycle se précise. Cependant le texte rappelle que c’est lors du troisième conseil de classe qu’il devrait être rempli. Le conseil de classe est donc positionné comme un avant-jury d’examen national.

« Comme d’habitude, le diplôme sera délivré par le jury académique du diplôme national du brevet. Ce jury se prononce déjà sur le fondement du livret de l’élève et des notes obtenues aux épreuves nationales. Cette année, exceptionnellement, il se fondera uniquement sur le livret de l’élève. » La réponse induit bien la prise en compte du bilan de fin de cycle et les bilans périodiques.

Non aux injonctions précipitées !
Dès le 3 avril, des chefs d’établissement qui ont lu rapidement la FAQ ministérielle se précipitent sur leur téléphone pour pressurer les enseignants en leur demandant de transformer toutes leurs notes de 3e en niveaux de compétences (l’inverse s’étant aussi produit) ! Les collègues sont pourtant déjà épuisés par un travail chronophage dont ils n’ont pas l’habitude et stressés par la volonté de faire au mieux. Ce type de préconisation est inepte et inacceptable. Les chefs d’établissements doivent attendre un texte réglementaire clair avant de lancer les personnels dans une nouvelle course à l’échalote.

Motivation et assiduité
Le ministre tente de garder les élèves au travail et les enjoint à l’assiduité jusqu’au 4 juillet sous peine de ne pas obtenir le DNB ou le bac. Qu’est-ce que l’assiduité en période de confinement quand on habite le long du fleuve en Guyane et qu’il n’y a ni eau courante ni électricité, ou dans un bidonville ? Comment se mesure la motivation ? Au-delà des problèmes techniques existe aussi des problèmes pédagogiques pour les élèves les plus fragiles qui ont besoin du face à face avec l’enseignant, et du collectif d’apprentissage. L’implication des familles ne peut pas être la même pour tous : la relation parents-élèves est différente de la relation professeur-élève quand il s’agit de faire ses devoirs.

Et l’orientation des élèves de troisième ? DNB pro et CFG ?
Le ministre n’a pas évoqué le DNB pro et le CFG même si on imagine bien qu’ils seront délivrés eux-aussi selon les mêmes modalités que le DNB général. L’essentiel est d’assurer la réussite de tous ces élèves l’année prochaine. Or la question de l’orientation est cruciale en 3e mais n’a été abordée à aucun moment par le ministre. Quels résultats seront pris en compte dans Affelnet ?

Le SNES-FSU demande que soient éclaircis au plus vite les éléments concernant le "contrôle continu" retenu pour l’obtention du DNB. Par ailleurs, ces mesures ne doivent pas donner lieu à de nouvelles injonctions des chefs d’établissement sur la période, ni à du travail supplémentaire pour les enseignants en ce qui concerne les évaluations des trimestres précédents.