Le Rectorat d’Amiens a mené une enquête quantitative et qualitative sur le bilan de la reconquête du mois de juin auprès des chefs d’établissements centre d’examen (66 dans l’Académie).
Les résultats de cette enquête ont été présentés lors du CTPA du 21 octobre.
Malgré l’enthousiasme effréné des représentants de l’administration, les données chiffrées font apparaître que cette expérimentation a été un échec.
Le principal objectif affiché, à savoir maintenir les cours jusqu’au 21 juin, est ainsi très loin d’être atteint : 61,7 % des établissements n’ont pas assuré les cours de seconde au-delà du 13 juin.
Moins d’un élève concerné (classes de seconde et de première) sur deux a eu cours jusqu’au 13 juin, à peine 18 % au-delà du 13 juin, avec un taux d’absentéisme très fort des élèves dans cette période (de l’ordre de 20 à 25 %).
Dans 85 % des cas, les cours de première n’ont pas été maintenus pendant la période des épreuves écrites.
Face à ces résultats, le secrétaire général de l’académie n’a pas hésité à récrire l’Histoire, en expliquant qu’il n’avait jamais été question de faire mieux que d’assurer les cours pendant les deux premières semaines de juin ! Il avait pourtant été répondu à toutes les objections formulées par le SNES l’an dernier sur l’impossibilité matérielle d’assurer en même temps et les cours, et les conseils de classe, et les épreuves, que cela « passerait ».
Les instructions données aux chefs d’établissement à ce sujet avaient d’ailleurs été très claires, avec un calendrier très directif, au point que certains établissements n’avaient pas osé afficher la fin des cours avant le 13 juin, se réfugiant derrière le masque d’une « suspension des cours » pendant les épreuves !
En effet, dans les établissements, les personnels de direction et de vie scolaire, souvent associés largement aux opérations, n’ont pas ménagé leurs peine : près des deux tiers des lycées ont respecté un calendrier des conseils et des opérations d’orientation particulièrement serré (l’ensemble sur 5 jours ouvrés pour les secondes), et 40 % ont modifié les emplois du temps des classes et des enseignants.
En revanche, le recours à des surveillants extérieurs est resté très marginal (de l’ordre de 2,5 % du total des surveillants).
De nombreux problèmes ont été signalés, cependant, notamment par les IPR de Lettres, pour ce qui concerne les conditions de l’EAF (délais de correction et condition des oraux, les examinateurs interrogeant 15 candidats par jour pendant 5 jours d’affilée).
Le SNES avait obtenu un délai de 3 jours supplémentaires de correction pour les examinateurs du bac général, ce qui avait permis aux collègues de souffler un peu, sans complètement résoudre toutes les difficultés.
Une différence très nette, en revanche, avec la session précédente se trouve dans le coût par candidat des rémunérations, qui passe de 13,52 à 31,95 euros !
En conclusion, on peut dire du bilan de la reconquête dans notre académie que c’est une opération coûteuse, demandant un lourd travail aux chefs d’établissement, aux services du Rectorat, aux personnels des lycées, qui a dégradé les conditions de travail des examinateurs, pour un « gain » effectif particulièrement limité.
C’est l’exemple type d’un pilotage purement idéologique et démagogique de l’éducation nationale. La crispation des représentants de l’administration, qui se sont refusé à tout dialogue sur la question, se contentant de dire que le bilan était « très satisfaisant » en est la preuve la plus évidente.
Nul doute, à partir de cela, que l’opération sera généralisée à l’ensemble des académies, puisqu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut entendre.
Hervé LE FIBLEC
P.S. : nous tairons en revanche les commentaires que l’ont peut faire sur l’enquête « de satisfaction » qui a été présentée : il avait été demandé aux chefs d’établissement d’estimer l’appréciation de l’expérimentation qu’auraient fait les élèves, les parents et les enseignants. Chacun peut estimer la fiabilité de tels chiffres, et le sens des réponses données.