Déclaration FSU CTA du vendredi 27 mars 2020
Madame la Rectrice,
Ce nouveau CTA se tient en urgence sur la question des moyens du Premier degré, et la FSU a exceptionnellement accepté d’y participer sous des formes qui appellent une demande : l’engagement à ne pas multiplier les dérogations aux principes du paritarisme, notamment l’absence de respect des délais quant à la communication des documents préparatoires et la forme dématérialisée.
La FSU souhaite, tout d’abord, exprimer son indignation face aux propos de madame la porte-parole du gouvernement qui ont suscité, à juste titre, la colère des collègues. Aussi, la FSU demande des excuses publiques de sa part.
Nous rappelons ce jour notre demande de ne pas réunir d’instances (hors CHSCT Académique et départemental) qui ne soient absolument nécessaires : c’est le cas des CAPA, repoussées pour le moment, et qui n’ont aucun caractère d’urgence, notamment celles liées aux contestations des RDV de carrière et de l’avancement. Il en est de même pour le CA des EPLE, dont la très grande majorité des consultations et délibérations peut attendre la sortie de crise. Nous attirons tout particulièrement votre attention sur la nécessaire garantie des conditions d’exercice du vote à bulletins secrets dans nombre d’instances.
Il y a revanche de vraies urgences : protéger au plan sanitaire les collègues volontaires qui accueillent les enfants de soignants (et quelques autres). Pour la FSU, ces personnels doivent être munis de protection : des masques, la garantie d’un nettoyage à chaque rotation d’agents, un point d’eau et du savon liquide pour se laver les mains régulièrement… c’est un minimum pour garantir la santé des agents et des enfants ! L’état ne peut pas envoyer en mission de service public des agents sans les équiper des protections adéquates.
L’approche des vacances a donné lieu la semaine dernière à l’annonce par le Ministre de « vacances apprenantes », nous ne cautionnons pas cette décision du ministère car les vacances sont un temps de repos et de coupure pour tout le monde et il faudrait faire confiance aux équipes pour maintenir le lien éducatif avec leurs élèves et les familles. Les élèves qui en ont le plus besoin ne seront pas ceux qui seront volontaires, disponibles, équipés pour bénéficier de ce soutien pendant les vacances scolaires.
Cet effet d’annonce est une fois de plus de la fumisterie et de la communication
Le télétravail pour les agent.es de l’Education nationale se fait grâce au matériel personnel (ordinateur, ligne internet, téléphone,…) encore plus qu’en temps normal. La FSU rappelle sa revendication d’une prime d’équipement.
Concernant le baccalauréat, les annonces faites par le Ministre le vendredi 3 avril manquent de précisions. S’il a indiqué la non-tenue des épreuves écrites, de nombreuses questions se posent concernant les oraux de langues, les épreuves d’EPS, les Projets en classe de Terminales technologiques entre autres.
Au niveau des classes de 1re, comment prévoir les oraux de français fin juin alors que les semaines de confinement rendent difficiles de poursuivre les programmes au rythme du présentiel. De surcroît lorsqu’il s’agit de la première session du nouveau baccalauréat.
Concernant les annonces relatives au déplacement des stages de CAP et BAC pro en juin voire juillet, c’est la double peine pour les élèves : ils subissent la situation de confinement et leurs vacances seraient sacrifiées en partie !
Autant dire que les inégalités vont encore se creuser et cela sera impossible à tenir notamment pour les stages qui se déroulent en école, en milieu hospitalier, à domicile, ou dans les entreprises qui sont dans la tourmente de leur avenir.
Il faut aussi dès maintenant, pour les personnels, éclaircir et préparer au mieux la fin de l’année scolaire et la rentrée sur différentes questions :
la question des procédures d’examen des opérations de mutations intra, pour lesquelles nous redisons que le Rectorat aurait grand tort de se priver de l’expertise des élus, au risque d’alimenter un ressentiment des personnels ;
la question de la certification et de la titularisation des fonctionnaires stagiaires et de son calendrier, et la procédure d’affectation des stagiaires de l’an prochain ;
la question des recours des collègues dans le cadre des opérations de mouvement.
Sur ces sujets, rien n’empêche la tenue de groupes de travail sous des formes adaptées tant que dure le confinement.
La perspective du déconfinement n’est pas encore à l’ordre du jour, mais des questions se posent : comment est envisagé la reprise à la fin du confinement, à la réouverture des écoles et établissements ?
Les établissements ne pourront pas rouvrir comme si de rien n’était. Il va falloir du temps pour les personnels, pour les agents, notamment pour les familles qui auront été endeuillées.
Sur ces sujets, il nous faut anticiper collectivement, et ne pas reproduire l’improvisation des opérations de confinement. Nous portons la même demande au niveau national. Nous tendons la main, dans un esprit constructif, qui est celui qui nous anime depuis le début.
Sur l’ordre du jour de ce CTA, la dotation complémentaire de 1 248 postes au niveau national ne sera pas suffisante pour assurer tous les besoins dans les départements. Les inégalités sociales ont un fort impact sur la réussite scolaire de nos élèves. Et ce sont les élèves issus des milieux les plus éloignés de l’école qui en payent le prix. Cette période nous le rappelle cruellement.
La FSU revendique un nombre maximum de 25 élèves par classe et 20 en éducation prioritaire, en classe multi-niveaux, en milieu rural et 15 en toute petite section. Elle demande des créations de postes de plus de maîtres que de classe, de remplaçants, de la décharge pour les directeurs et directrices ou de la scolarisation des moins de 3 ans. Mais aussi des enseignant∙es spécialisé∙es, de RASED, en ULIS, en SEGPA ou EREA ou dans les établissements spécialisés médicaux sociaux en nombre suffisant. En effet la réponse à la grande difficulté scolaire ne peut pas se limiter à la bienveillance de l’enseignant en milieu ordinaire. Les enseignant∙es doivent aussi pouvoir se former durant au moins une semaine par an.
Actuellement les enseignant.es s’engagent pleinement (et aussi les parents...) pour assurer, dans la plus grande improvisation et sans le soutien adéquat de leur institution, un lien avec les familles et une relation pédagogique minimale avec les élèves. Malgré cela, les inégalités sociales dont celle de la fracture numérique, sont en train de renforcer les inégalités scolaires contre lesquelles les enseignant-e-s se battent d’ordinaire au quotidien dans leur classe et tentent toujours d’amoindrir dans cette situation de confinement.
C’est pourquoi, les conditions de la reprise scolaire, en cette fin d’année, mais aussi les conditions de scolarité et donc de travail des enseignant-e-s des écoles, tout au long de l’année prochaine, seront absolument déterminantes pour « mener la guerre » aux inégalités qui se seront inéluctablement et davantage creusées. Notre académie plus que les autres doit mener une lutte sans merci pour réduire les inégalités scolaires. Nous tenons à rappeler qu’à ce stade, il est très difficile de savoir comment se feront les inscriptions à l’école pour septembre prochain. Nul ne sait par ailleurs s’il y aura quelques mouvements de population à l’issue de la période de confinement ni même les conséquences sur les questions d’emplois. Pour toutes ces raisons mais aussi afin que le dialogue social soit serein dans un contexte d’élections municipales inachevées, la FSU demande que les CT premier degré aient lieu à l’issue du confinement la priorité pour l’instant des écoles étant la continuité pédagogique et la lutte contre le décrochage scolaire.
En revanche, pour le 2d degré, la rentrée continue à se préparer sur des bases qui ne sont pas satisfaisantes. Nous rappelons notre demande d’un moratoire sur les mesures de carte scolaire, ce qui permettraient d’apaiser une rentrée compliquée, nous avons déjà eu l’occasion de le dire.
Pour terminer, La situation sanitaire grave impose à chacun de prendre ses responsabilités. Le Ministre doit traiter l’ensemble des dimensions de cette crise : des questions de santé et de sécurité (protection des enseignants accueillant les enfants de soignants, modalités de déconfinement, tests etc), mais aussi les questions pédagogiques (inégalités entre les élèves, modalités de reprise des cours, moyens pour l’année scolaire 2020-2021 pour combler les inégalités existantes, etc).