F.P.M.A Séance du 8 juin 2017

Les élus du Snes-fsu souhaitent tout d’abord remercier les personnels de la DPE pour la qualité du travail fourni en amont de cette réunion, à la fois pour ce qui concerne l’amélioration du mouvement sorti de l’algorithme et pour ce qui est de la communication avec les représentants des personnels. Tout ceci contribue grandement à ce que la réunion des FPMA puisse se tenir en un court laps de temps, et que les collègues soient informés au plus tôt de leur affectation.

C’est particulièrement important dans notre académie compte tenu de la spécificité du mouvement intra. Celui-ci en effet concerne très majoritairement des entrants dans l’académie (64 % des mutés), et parmi ceux-ci, essentiellement des stagiaires (90 % des entrants) qui attendent leur premier poste.
Il faut donc relativiser le taux de mutation élevé en données brutes.

Le bilan des affectations de ces néo-titulaires ne peut être considéré comme satisfaisant. Si un quart d’entre eux sont affectés sur leur premier voeu, il s’agit dans deux cas sur trois d’une affectation en ZR, dont chacun sait qu’elle est une affectation « d’attente ».
On trouve par ailleurs encore 17 % d’affectations en extension, et la moitié d’entre eux sont affectés au-delà de leur huitième voeu. De fait, 43 % des néo-titulaires sont affectés en ZR.
Quant aux autres, ce sera souvent une affectation dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire, où les conditions de travail sont plus difficiles qu’ailleurs. Notre organisation sera particulièrement attentive dans les mois qui viendront, à la situation de ces jeunes collègues, et notamment à leur exposition éventuelle aux risques psycho-sociaux.

D’une façon générale, la politique dite « incitative » pour l’affectation en établissement d’éducation prioritaire montre une fois de plus qu’elle est une impasse. Un tiers des collègues affecté dans un établissement de ce type l’est en voeu large, sans compter parmi les autres ceux qui priorisent l’aspect géographique et font un voeu précis « par défaut », comptant sur le manque d’attractivité du poste pour être muté dans une commune suscitant une forte demande. Si la difficulté d’enseigner dans ces établissements doit être reconnue, y compris dans la carrière et la rémunération, cela ne suffit pas à rendre les postes attractifs : il faut y améliorer substantiellement les conditions de travail. La mise en place d’une pondération en 2014 a été un premier pas, malheureusement dévoyé par des pratiques locales qui, loin de reconnaître la difficulté de l’exercice en REP+, a au contraire consisté en un alourdissement autoritaire de la charge de travail des collègues.

Pour ce qui concerne l’intra « pur », c’est-à-dire les participants volontaires, la moitié des demandeurs sont des TZR qui, pour l’essentiel, cherchent à se stabiliser sur un poste fixe. Au final, il n’y a qu’un peu plus de 500 collègues en poste fixe qui demandent à muter. Et pour ceux-là, le taux de mutation est à peine de 40 %, alors qu’il s’agit souvent de collègues ayant une certaine ancienneté, et que nombre de postes sont libérés à l’inter compte tenu du fort turn-over de notre académie.

Tous ces chiffres démontrent que, si l’on met de côté les fortes spécificités du mouvement intra amiénois, qui produisent « naturellement » une certaine fluidité, celui-ci reste profondément marqué par les pertes massives de postes de ces dernières années, qui n’ont pas été compensées malgré les promesses de l’ancienne majorité, et une situation qui s’est même aggravée en lycée, alors que l’on sait qu’un nombre certain de nos collègues demandent une affectation en second cycle après avoir exercé quelques années en collège.

Améliorer le mouvement suppose en effet d’abord d’augmenter le nombre de postes offerts, et, si des améliorations techniques relatives au barème ou aux modalités d’affectation, comme le retour à un mouvement national, pourraient aussi être entreprises, nous tenons à dénoncer ceux qui laissent entendre que la suppression du mouvement, remplacé par un « recrutement par les chefs d’établissement » serait la panacée. Il ne faut jamais oublier que dans la logique de marché, ceux qui détiennent l’offre se croient toujours plus malins que les autres, mais que s’ils n’ont que de la camelote à offrir, ils sont les dindons de la farce. Il en sera ainsi d’un mouvement « libéralisé » : les établissements les mieux « côtés » auront le plus de demandes, et les plus mal famés devront se contenter d’accepter ceux qui auront le courage de frapper à la porte. L’échec patent des diverses formes de mouvements dérogatoires dans les établissements ECLAIR, puis REP+, en est la plus parfaite illustration.

Sans parler, bien sûr, des formes de contournement, voire de « favoritisme », qu’un tel système produirait. Nous avons déjà alerté dans d’autres instances quant à la multiplication de postes « à profil » dont l’utilité et la nécessité nous ont parues particulièrement douteuses. Nous exprimons donc de forte réserve quant à l’utilisation de ce biais pour permettre à des collègues d’obtenir, sous prétexte d’une spécificité locale, un poste auquel leur barème ne leur permet pas de prétendre. C’est d’autant plus criant quand tout est mis en place, y compris d’étonnantes dérogations au calendrier académique, pour s’assurer que le collègue « choisi » est bien affecté.

De telles pratiques mettent en défaut le principe d’égalité de traitement des collègues, et discréditent les mouvements spécifiques qui ont leur nécessité.

Enfin, nous exprimons nos inquiétudes quant à la situation des enseignements technologiques, et plus particulièrement de la technologie, discipline pour laquelle le nombre de postes vacants est très élevé.