La discipline Économie Gestion sort particulièrement meurtrie des réformes du lycée, de la perte d’attractivité de notre métier et de ce sentiment élitiste éculé dans le recrutement des enseignants. Dans la discipline, pour les admissions en 2020, le nombre de candidats retenus était nettement inférieur aux besoins de la discipline (610 postes offerts et 482 admis). Cela se traduit par une pénurie d’enseignants spécialisés en Économie Gestion partout en France.
Quelques éléments pour illustrer cette pénurie dans un lycée de l’Oise :
Dans ce lycée donc, à la rentrée, une enseignante en Éco-Gestion absente pour des raisons de santé sur durée indéterminée n’a pu être remplacée. Le Rectorat, dans ce contexte de pénurie d’enseignants de la discipline, n’a pas réussi à lui trouver un remplaçant. Les élèves concernés se retrouvent donc sans enseignant ...
Un poste BMP de 6h qui aurait dû être affecté dans l’établissement dès la rentrée, n’a pas été pourvu par le Rectorat. La Direction de l’établissement, faute de mieux, a demandé aux collègues de la discipline de prendre les heures de la classe de terminale concernée par l’absence de ce BMP. Un argument pour les convaincre : ces élèves passeront à la fin de l’année une épreuve au coefficient 16. Les enseignants de la discipline, résignés et soucieux, ont accepté ces heures supplémentaires...
Dans ce même lycée de l’Oise, une des enseignantes en Éco-Gestion partira bientôt en congé maternité. Ses élèves, eux-aussi, sont des élèves de terminale. La problématique est la même : s’il n’y a personne pour remplacer le congé maladie, personne pour prendre le BMP de 6h, il n’y aura pas plus de monde pour effectuer un remplacement du congé maternité. Cette fois-ci, personne n’envisagera que les collègues, déjà débordés, puissent absorber un temps plein.
Alors que faire face à cette pénurie d’enseignants en Éco-Gestion ?
Dans l’établissement en question, la solution a été trouvée : certains enseignants zelés mais, dépités par l’inactivité du Rectorat passent à l’action : des profils sont créés sur les réseaux sociaux afin de mettre en place un recrutement d’un spécialiste en Économie Gestion pour remplacer la collègue qui partira bientôt en congé maternité. Ce sont donc des « petites annonces » qui sont déposées afin de palier la pénurie d’enseignants... Cette manœuvre désespérée prouve clairement que le Rectorat est incapable sur ce dossier. On fera donc appel, sur les réseaux sociaux, à toutes les bonnes volontés puisqu’une place sera bientôt à prendre et qu’il n’est pas envisageable de laisser les élèves dans l’abandon. Bien sûr, procéder de la sorte c’est aussi reconnaître que l’enseignant est le roi de la débrouillardise, chose que le Rectorat n’ignore pas surtout lorsqu’il est face à ses propres incohérences et insuffisances…