La C.a. académique du Snes a adopté à l’unanimité la motion suivante :

MOTION GENERALE


Face à une situation économique dégradée, une inflexion négative de la politique gouvernementale

Après des mois d’atermoiements et de signes contradictoires en matière de politique économique et fiscale, alternant les décisions porteuses de rupture, comme la création d’un taux d’imposition à 75 % pour les très hauts revenus, et celles qui continuaient une logique de réduction des moyens d’une égalité réelle, notamment par une baisse des moyens du service public, le séminaire gouvernementale du 6 novembre semble avoir marqué une inflexion négative très nette.
Les mesures annoncées, et notamment les nouvelles baisses de cotisation pour les entreprises (20 Mds d’euros) sans aucun engagement en contre-partie de la part du patronat, ou le développement de l’idée d’une nécessaire baisse du « coût du travail », s’inscrivent dans une logique de politique de l’offre, qui non seulement a été incapable de répondre à la crise, mais a sans doute largement contribué à l’aggravation des inégalités.
L’augmentation de la TVA, totalement contradictoire avec l’abrogation de la TVA sociale, augmentera la pression sur le pouvoir d’achat des salariés, continuant à peser sur la demande et créant les conditions d’une période de déflation catastrophique pour l’économie.
Le manque d’alternatives politiques crédibles permettant à la fois de réduire les déficits et la dette, qui pèsent sur les capacités d’intervention de l’Etat, et de développement d’une politique d’égalité sociale, de relance par le pouvoir d’achat, de développement des services publics, donne au syndicalisme la responsabilité de retrouver son unité pour mobiliser les salariés. La FSU devra être un moteur de cette unité, qui devra se poursuivre à l’échelon européen.
Dans cette logique, la c.a. académique appelle les collègues à assurer le succès des initiatives prises le 14 novembre dans la région dans le cadre de la journée européenne de lutte décidée par la CES contre les politiques d’austérité et pour l’emploi.

Dans l’éducation, une loi d’orientation en panne de refondation

L’ambition de « refondation » de l’école affichée par le ministre ne se retrouve pas dans les mesures annoncées par lui-même ou le Président de la République. Le manque d’ambition de cette refondation, symbolisée par le refus de porter la scolarité obligatoire à 18 ans, se retrouve dans la poursuite de la logique du « socle commun » et d’école du socle qui s’achève à 15 ans, et remet en cause l’enseignement disciplinaire au collège.
Quant aux décisions relatives aux recrutements, elles sont marquées par un retour en arrière en matière de niveau de qualification, et une déconnexion trop importante entre les épreuves d’admissibilité et les épreuves d’admission qui peut conduire à laisser sur la touche de très nombreux étudiants sans garantir un niveau de recrutement à la hauteur des besoins. De plus, la question de la qualité de la formation, qui suppose un allègement conséquent de service, n’est pas réglée.
Loin de revenir sur des réformes négatives, la « refondation » poursuit la décentralisation de fait de l’orientation et des formations professionnelles et technologiques, et l’abandon des séries industrielles de la voie technologiques. Elle ne remet pas en cause la réforme du lycée général de plus en plus contestée.

Dans le second degré, des personnels sous pression

L’ampleur des suppressions de postes dans notre académie (20 % en dix ans dans le second degré) a lourdement pesé sur les conditions de travail. Les effectifs de classe pléthoriques, mais aussi les affectations à complément de service ou sur plusieurs établissements pour les TZR, se sont multipliés. Le climat scolaire s’est considérablement dégradé, pas seulement dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire, et les actes de violences, médiatisés, ne sont que la partie la plus visible d’un problème qui touche un nombre croissant d’établissements, notamment les collèges.
Le pouvoir d’achat est désormais une préoccupation majeure des collègues actifs et retraités, qui est revenue régulièrement à l’occasion des réunions tenues dans le cadre des Etats généraux.
De même, l’autoritarisme croissant des chefs d’établissements, leur refus d’appliquer les textes, les tentatives de contournement des instances démocratiques, notamment les C.a., systématiquement couvertes jusqu’à présent par l’autorité académique, a conduit à une rupture grave dans de nombreux établissements entre la direction et les personnels ainsi qu’une crise de confiance généralisée de la profession envers les équipes de direction.

Quelles perspectives d’action ?

Dans ce contexte, et dans l’attente de la formalisation du projet de loi sur la refondation, le Snes doit continuer de multiplier les interventions auprès du ministre et du gouvernement, mais aussi à l’échelon départemental auprès des DASEN et parlementaires.

Pour autant, il doit aussi préparer la nécessaire mobilisation des collègues pour faire prendre en compte leurs aspirations, notamment pour ce qui concerne les conditions de travail, la rémunération et la lutte contre l’autoritarisme par une réforme urgente du « management » des établissements.

Dès à présent, la C.a. académique appelle les S1 à se réunir, à tenir des heures d’informations syndicales, pour mettre en débat avec la profession une action d’ampleur, de type grève nationale, dans le cadre fédéral, avant la mi-janvier.