11 juin 2009

Actualités

Motion générale adoptée par la C.a. académique du 10 juin

C.a. académique d’Amiens - 10 juin 2009

MOTION GENERALE

Situation générale :

L’année scolaire a été marquée par la crise financière et économique causée par les choix politiques libéraux que la plupart des gouvernements et organisations internationales ont faits depuis des années. Cela accélère dans notre région, la Picardie, la désindustrialisation, provoquant une mise au chômage massive dans différents secteurs, en particulier des équipementiers automobiles (Goodyear, Continental…).
Si, pour l’occasion, le syndicalisme français a su se rassembler pour mener des actions unitaires de masse, le 29 janvier, le 19 mars, la mobilisation n’a cependant pas gagné en ampleur. Le 1er mai 2009 a été historique dans son unité mais il reste cependant inférieur au niveau de mobilisation nécessaire pour créer un rapport de forces suffisant.
Dans toutes leurs limites, les suites données dans le cadre interprofessionnel unitaire permettent de maintenir la pression sur le Gouvernement. Après le 26 mai, le SNES appelle les personnels du second degré à participer massivement aux manifestations du 13 juin pour imposer une autre politique économique et sociale et pour défendre les services publics.
Le résultat des élections européennes du 7 juin montrent en effet que, si le rejet des logiques libérales s’exprime dans la rue, aucune alternative politique crédible ne semble se dégager : plus que jamais, c’est sur nous-mêmes et nos capacités de mobilisation que nous devrons compter.

Dans l’éducation :

Le service public, et celui de l’éducation en particulier, continue de faire les frais du libéralisme au pouvoir. Dans notre académie, les suppressions de postes se sont encore multipliées et font aujourd’hui craindre sérieusement pour la qualité des formations, leur diversité, mais aussi pour la gestion des remplacements et les conditions de travail des collègues.
La possible multiplication du nombre des précaires est particulièrement inquiétante. Si les plus anciens bénéficieront des acquis du SNES (possibilité pendant 5 ans de passer les concours internes, réouverts dans toutes les disciplines, aux conditions de diplômes actuels), les nouveaux risquent de se trouver assez vite sans perspective de titularisation. Le S3 mettra en œuvre un suivi particulier de ce secteur dès la rentrée 2009.
L’annonce de 34 000 nouvelles suppressions de postes de fonctionnaires laisse penser que l’année 2010 verra à nouveau l’éducation, le second degré, et notre académie, ponctionnés, avec une pression accrue sur les personnels.

Fichage et autoritarisme

Cette pression s’est manifestée notamment par la mise en place d’un fichage des personnels « paraissant » en difficulté dans l’académie. Si les interventions du SNES ont permis de faire disparaître du dispositif toutes les mentions attentatoires aux libertés et au respect de la vie privée, cette affaire témoigne à la fois de la nécessaire vigilance des militants et du rôle de plus en plus fort donné aux hiérarchies, y compris les plus locales, alors que notre académie connaît un taux d’établissement ayant des problèmes de direction particulièrement important.
Si la centralisation des informations et le traitement des situations personnelles difficiles dans leur globalité est utile, le fichage et la constitution de dossiers « clandestins » qui pourraient être utilisés contre les personnels seraient évidemment combattus par le SNES, qui restera très attentif aux évolutions de ce dispositif au cours de l’année scolaire prochaine.
La C.a. exige que les décisions des administrations rectorale et départementales fassent l’objet d’une concertation avec les représentants des personnels.

Dégradation du climat scolaire

Dans de nombreux établissements, le climat scolaire s’est profondément dégradé, et les collègues se sont justement mobilisés (Lycée Jules Uhry de Creil, Collège d’Estrées-Saint-Denis, Collège de Saint-Leu-d’Esserent, Gaetan-Denain et André-Malraux de Compiègne, César-Franck d’Aimens …). Le SNES considère que la logique sécuritaire des annonces présidentielles et gouvernementales en la matière ne constitue pas une réponse appropriée, quand elle ne jette pas de l’huile sur le feu. Il condamne de même avec la plus extrême fermeté toutes les formes de racistes, d’incitation à haine religieuse ou raciale, tous les comportements discriminatoires et les atteintes au principe essentiel de la laïcité, qui ne peuvent être tolérés quand bien même ils seraient exceptionnels.
S’il convient d’éviter tout laxisme dans l’application des règles de vie, des règlements, de la Loi, comme l’exemple du Lycée Jules Uhry le montre, c’est aussi et surtout par le développement de politiques éducatives menées par des personnels plus nombreux et qualifiés qu’on apportera une réponse à cette dégradation. Ce sera aussi en donnant à chaque jeune la possibilité de réussir dans une formation qui lui corresponde.

Reconquête du mois de juin

Au lieu de cela, le ministère s’est engagé dans une série d’opérations de communication dont la « reconquête du mois de juin » est un exemple flagrant. Après une première expérience en 2008 dont le bilan a démontré l’inefficacité, l’organisation du baccalauréat dans notre académie cette année a été pour le moins problématique. Jamais on n’aura vu un calendrier aussi étendu pour les épreuves du bac : du 5 mai au 12 juillet ! Tandis qu’on faisait mine de maintenir les élèves plus longtemps en classe, on organisait des épreuves alors même que les programmes n’avaient pas pu être bouclés !
De même, les convocations ont été adressées très tardivement. A moins de 15 jours des épreuves, certains centres d’examen n’avaient pas reçu les listes de candidats, et les candidats eux-mêmes n’avaient pas les dates des épreuves qu’ils allaient passer !
Le SNES demande que le Rectorat mette fin au refus de communiquer et de discuter qui caractérise cette « nouvelle période » de l’organisation de l’épreuve. Il exige qu’un bilan objectif et sérieux soit fait de cette « reconquête » et que des conclusions en soient tirées pour que les candidats passent les épreuves dans de meilleures conditions et que les correcteurs aient la possibilité d’effectuer leur tâche sereinement.

Réforme des lycées

Si le rapport Apparu montre qu’une partie de la majorité politique n’a toujours pas accepté l’abandon d’une réforme condamnée par la profession, les préconisations faites par Richard Descoings constituent pour certaines d’entre elles un point d’appuis pour défendre une vision ambitieuse et démocratique du lycée : maintien des trois voies de formation, affirmation de la voie technologique comme voie de réussite et nécessité de sa rénovation, rejet de la semestrialisation. Néanmoins, le manque de clarté de l’ensemble, l’appel systématique au « bénévolat » plus ou moins contraint pour l’aide aux élèves et l’orientation, les menaces quant à une redéfinition du service, sont des logiques que le SNES devra combattre si elles se mettent en place.
Le SNES doit réaffirmer sa disponibilité pour une concertation sur les lycées qui ne devra pas servir de prétexte à une réforme construite dans la hâte et qui devra prendre en compte les aspirations des personnels.

Quelle stratégie d’action ?

Si les limites de l’action interprofessionnelle unitaire ont été clairement atteintes au printemps, l’exemple de la mobilisation universitaire montre aussi l’impasse d’une logique « radicale » qui s’enferme dans le refus des convergences avec l’ensemble du secteur de l’éducation.
La C.a. condamne les tentatives de déstabilisation de la FSU menées par ceux qui veulent faire porter au SNES le chapeau de l’échec d’un mouvement qui a cru pouvoir déterminer à la place des personnels du second degré les revendications les concernant. Elle rappelle qu’au sein des instances nationales de concertation, les positions défendues par les représentants du SNES sont en tout point conformes aux mandats élaborés démocratiquement par le congrès national, et que rien ne peut justifier que les mandats passent après une « stratégie globale » qui ne serait plus dans ce cas syndicale, mais politique.
Au-delà, ce mouvement méritera d’être analysé en profondeur, notamment parce qu’il semble apporter un démenti par les faits aux mythologies du « mouvement de la jeunesse » et de la « grève des examens ».
Pour gagner, dans la période actuelle, la stratégie syndicale doit reposer sur les revendications sectorielles et le vécu quotidien des personnels, mais surtout s’inscrire dans une dynamique d’élargissement de l’action et de la mobilisation, dans l’éducation, dans la fonction publique et au niveau interprofessionnel.

L’action à la rentrée

La C.a. académique décide :

  de relancer dès maintenant une campagne de refus des heures supplémentaires, des compléments de service et de la bi- ou poly-valence, en s’appuyant notamment sur les succès obtenus cette année ;

  d’appeler les S1 à mettre en débat les suites de l’action, dans les collèges par des heures d’information syndicales et dans les lycées à l’occasion des réunions des conseils d’enseignement et des jurys de bac ;

  de mettre en place un observatoire de l’autoritarisme pour recenser et rendre public dans la profession les dérives des hiérarchies ;

  de participer aux initiatives de défense et de promotion du service public et de ses agents.

Elle mandate ses représentants au Conseil national pour proposer un plan d’action national dans la logique de l’unité et de l’élargissement des mobilisations qui devra débuter par une action d’ampleur qui mettra en avant les questions éducatives et du second degré dès le mois de septembre.

Adoptée par 28 voix pour, 0 contre, 0 abstentions, 0 refus de vote.