9 décembre 2008

Actualités

Motion « action » de la C.a. académique du 9 décembre 2008

La crise financière qui s’est mondialisée cet automne a atteint une ampleur dont il n’est pas de précédent historique depuis 1929. Provoquée par l’arrivée à bout de souffle du système des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, elle est surtout le résultat de l’accumulation à des échelles inégalées de capitaux investis dans un système financier marqué par la multiplication de produits de plus en plus complexes qui semblent se suffire à eux-mêmes…jusqu’à ce que l’ensemble craque.
Alors que les politiques libérales de déréglementation ont largement contribué à cet effondrement, le Président Nicolas Sarkozy a confirmé ses orientations visant à favoriser de façon maximale le capital au détriment du travail. Le 28 octobre encore, il déclarait « la crise nous oblige à accélérer nos réformes, non pas à les ralentir. »
Le mouvement syndical se doit d’exprimer clairement que les réformes sociales indispensables au monde d’aujourd’hui sont très exactement contraires à cette politique.
Plus que jamais, le rôle de l’Etat et de l’Union européenne devrait être, pour lutter contre la crise, d’augmenter les salaires et les pensions, de redistribuer les richesses, de prioriser l’emploi sur les profits financiers, d’assurer la protection sociale des travailleurs, de garantir à tous un accès à des services publics de qualité, qui ne peuvent se réduire aux fonctions « régaliennes » de l’Etat.
Ce sont les seules garanties contre la suraccumulation incontrôlée du capital financier, par un rééquilibrage des richesses entre capital et travail, et donc contre le prolongement ou la réédition de la crise.
On en est loin : alors que les mesures de régression sociale se multiplient (retraite à 70 ans…), le Gouvernement poursuit sa politique de casse du service public.
L’unique visée de la réforme de l’Etat, sous la forme de la RGPP, est de diminuer le nombre de fonctionnaires. Parallèlement, le pouvoir d’achat des agents de l’Etat, faute d’une réévaluation de la valeur du point d’indice, continue de baisser, chacun étant renvoyé à des cautères (comme la GIPA) ou des « solutions » individuels (recours aux HS…).

L’éducation nationale, et le second degré, sont particulièrement visés, sur tous les fronts :

en matière d’emploi, avec la suppression de 13 500 postes au budget 2009, alors même que les suppressions précédentes ont réduit à néant les marges de manœuvre des équipes dans la quasi-totalité des collèges de l’Académie, et accru les difficultés dans les lycées.
En matière de pouvoir d’achat : un certifié débutant gagne désormais tout juste 150 euros de plus que le SMIC. La mastérisation, qui correspond à un réel besoin d’élévation du niveau de qualification des enseignants, se fait selon des modalités qui peuvent faire craindre le développement d’une nouvelle précarité, sans revalorisation des enseignants.
En matière de métier et de conditions de travail : la réforme des lycées en cours est lourde de menace sur la qualité de l’enseignement offert aux jeunes et prend appui sur tout ce qui ne marche pas au collège pour le généraliser à tout le second degré.

L’académie d’Amiens est particulièrement touchée. Alors que le nombre de jeunes enseignants y est plus important qu’ailleurs, ceux-ci sont touchés par une aggravation considérable de leurs conditions d’affectation, avec la multiplication des compléments de service et une pratique de plus en plus opaque et discutable de la gestion des TZR.
L’échec de la campagne de refus des heures supplémentaires n’a pas permis, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres académies, de réduire les dégradations prévisibles des conditions de rentrée.
Chez nous plus qu’ailleurs, le dialogue social au sein de l’éducation nationale semble nul. Aucune négociation, aucune discussion, n’a pu être menée avec aucun des quatre recteurs qui se sont succédé en un temps record, en dehors des questions relatives à la gestion individuelles des situations.

Les élections professionnelles du 2 décembre ont été marquées, dans un contexte de hausse de la participation, par une baisse sensible du SNES au niveau national, même s’il reste de très loin le premier syndicat du second degré, représentant un collègue sur deux et que l’écart avec le SGEN-CFDT, arrivé deuxième, reste à un niveau très élevé. Cette baisse, qui ne semble profiter à aucune autre organisation, montre la nécessité de réinterroger notre façon de dialoguer avec la profession et de prendre en compte ses aspirations, tant au niveau des revendications que de la façon de mener l’action.
Dans notre académie, les listes certifiés et agrégés ont progressé légèrement. Grâce à l’obtention d’un cinquième siège chez les agrégés, le SNES a de nouveau la majorité absolue dans toutes les CAPA. Malgré le retour de listes SGEN chez les CPE et les CO-Psy, la représentativité du SNES dans ces deux catégories reste à un niveau extrêmement élevé (6 sièges sur 8 et 3 sièges sur 4).
Les premières élections professionnelles pour les non-titulaires n’ont pas été un franc succès de participation. Bien que les candidatures présentées par le SNES soient arrivées en tête et que, dans un contexte d’émiettement syndical, 3 sièges sur les 5 de la CCP des surveillants aillent à la FSU, les résultats démontrent que le travail syndical auprès de ces collègues est loin d’être suffisant. Le S3 cherchera à mieux intégrer à son action ces catégories pour lesquelles il est difficile de trouver des militants disponibles.

Action :

Le succès de la manifestation nationale du 19 octobre et celui de la grève du 20 novembre montrent une volonté de résistance et de mobilisation des collègues pour une autre politique scolaire. Ils donnent au SNES et à la FSU une responsabilité particulière. Il s’agit désormais de maintenir et amplifier la mobilisation et créer le rapport de force pour gagner et obtenir des avancées concrètes pour le second degré.
La C.a. académique estime nécessaire la mise en place d’un véritable plan d’action qui ne peut se résumer à planifier une grève mensuelle, et encore moins être remis en cause chaque fois qu’il y a l’opportunité d’être à la remorque d’autres mouvements (étudiants, lycéens, premier degré, interpro…). Les enjeux sont trop importants pour rééditer les errements du printemps dernier, avec sa multiplication d’actions minoritaires sans cohérence ni perspective.

La C.a. estime qu’il faut entamer dès maintenant les démarches pour construire un mouvement d’ensemble de la profession :

en poursuivant au plus près des collègues notre campagne d’information sur les réformes en cours et les politiques menées ;
en prenant appui sur les mobilisations locales, autour de la réforme des lycée puis sur la question des moyens et des DHG, afin de fédérer les actions, à l’échelon local, départemental et académique , ;
en créant les conditions d’une nouvelle grève majoritaire, construite à partir des établissements et des collègues, dans les lycées et collèges.

Dès à présent, le S3 s’engage du côté des personnels des lycées de l’académie qui se mobilisent, en lien avec les lycéens, et encourage les S1 à faire du 15 décembre une journée d’action, sous la forme, notamment, de l’organisation d’un « réveillon revendicatif ».

De plus, la préparation du congrès national pourra être l’occasion de mener un débat avec la profession sur les questions les plus actuelles : quel lycée voulons-nous ? quelle revalorisation des enseignants ? quelles garanties contre l’autoritarisme dans les établissements et au-delà ?

Elle estime que l’unité, sensible pour les collègues, doit être recherchée dans toute la mesure du possible, sans en rabattre sur nos exigences, et sans s’enfermer dans un « front du refus » qui travestirait notre orientation.

Elle considère que la nécessaire mobilisation interprofessionnelle doit être menée en convergence avec la mobilisation de l’éducation, sans se substituer à elle, et sans que se mettent en place des logiques d’action « par procuration ».

adoptée par 21 voix pour et 1 abstention